Sucre et prise de poids – troubles du comportement alimentaire
1 – Syndrome métabolique – Prise de poids – Surpoids et obésité :
Le syndrome métabolique, c’est quoi ? Le syndrome métabolique est l’association de plusieurs troubles du fonctionnement de notre organisme à cause de la présence de graisse viscérale, c’est-à-dire à l’intérieur du ventre, autour des organes. En plus d’un tour de taille important, déterminé comme supérieur à 94 cm pour les hommes et à 80 cm pour les femme, pour qu’il y ait syndrome métabolique, il doit être associé à au moins deux autres troubles :- une hyperglycémie donc un taux de glucose en excès dans le sang ;
- un taux de triglycérides, le gras présent dans le sang, élevé ;
- une baisse du taux de cholestérol HDL, autrefois surnommé “bon cholestérol”, dans des proportions considérées comme trop faibles ;
- une tension artérielle trop haute.
Une alimentation riche en glucides, avec des taux de sucre infiniment supérieurs à nos besoins, un stockage des graisses qui ne s’arrête pas !
L’insuline est une hormone dont le rôle est de faire baisser la glycémie (taux de glucose sanguin). Elle s’active automatiquement en réponse à une augmentation du taux de sucre dans le sang. Cela conduit à de nombreux mécanismes permettant sa diminution. L’insuline permet au glucose d’être distribué aux cellules de notre corps pour qu’il soit converti en énergie sous forme d’ATP, adénosine triphosphate. L’ATP n’est pas une molécule stockable, elle est une source d’énergie immédiate et qui doit être produite en permanence. Si la quantité de sucre ingéré dépasse les besoins énergétiques de notre corps, l’insuline va diriger cet excès de glucose pour qu’il soit transformé sous forme de glycogène et stocké dans le foie et les muscles.L’insuline, une hormone de stockage du sucre sous forme de graisses, est en activité quasi constante du fait de la quantité de sucre et de glucides que nous consommons quotidiennement !
L’insuline est en effet également une hormone de stockage. La quantité de glycogène pouvant être stockée dans le foie et dans les muscles étant limitée, très rapidement va se poser le problème de l’excédent de glucose, qui continue d’affluer dans le sang du fait de notre consommation généralement trop fréquente et trop élevée de sucre et de glucides. Notre corps est capable de stocker environ 500 g de glycogène dont de 250 à 400 g dans les muscles et 100 g dans le foie. Mais attention, cela ne veut pas dire que nous pouvons consommer chaque jour la quantité nécessaire de sucre et de glucides afin de reconstituer cette réserve de glycogène. Il peut falloir plusieurs heures pour les plus sportifs à plusieurs jours de jeûne sans manger pour utiliser cette réserve, principalement du fait de la sédentarisation de la vie moderne et du manque d’activité physique quotidienne qu’elle entraîne. Il est également à noter que chez les personnes atteintes d’hyperinsulinisme, le corps enverra plus souvent un message de faim plutôt que d’aller se servir dans ces réserves de glycogène. Le travail de l’insuline doit donc se poursuivre. Les apports en sucre et en glucides étant généralement bien supérieurs à la capacité de notre corps de les utiliser sous forme d’énergie ou encore de les transformer en glycogène, il ne reste plus à l’insuline comme solution, devant cet afflux quasi constant de glucose, de le stocker sous forme de graisse (triglycérides) dans le tissu adipeux. Nous n’utilisons déjà pas chaque jour intégralement les réserves de glycogène pour la production de notre énergie. De ce fait, les réserves de graisse sont rarement utilisées. D’autant plus que tant que l’insuline est active dans le sang pour stocker le surplus de sucre, il est impossible d’utiliser les réserves de graisses. C’est pourquoi une alimentation qui laisse une part trop importante aux glucides et aux sucres favorise la prise de poids constante et régulière. Au fil du temps, l’excès de masse grasse et la modification du tissu adipeux qui prend en volume amène au surpoids, voire à l’obésité avec tous les inconvénients bien connus sur la santé, dont la réduction de l’espérance de vie et, dans tous les cas, de l’espérance de vie en bonne santé. La production d’insuline étant maintenue tant que la glycémie est élevée, du fait de l’afflux important de sucre dans le sang, dû à la consommation tout au long de la journée des glucides, des fruits et du sucre, aliments à indice glycémique élevé, elle atteint des niveaux de production trop élevés, appelé l’hyperinsulinisme. Ce phénomène peut conduire à une forme de résistance à l’insuline qui, de façon pathologique, va aggraver le problème de la prise de poids, mais aussi le risque de développer un diabète de type 2, de l’hypertension et, dans certains cas, des cancers.Résistance à l’insuline, diabète de type 2, ces problèmes qui se développent en silence dans notre corps au fil du temps !
En effet, le problème de résistance à l’insuline, qui peut être considérée comme une forme de pré-diabète, touche un nombre croissant de personnes. Malgré l’action de l’insuline, le glucose ne peut plus pénétrer aussi facilement dans les cellules, déjà pleines de tout ce qu’elles sont en capacité de stocker. De ce fait, le sucre s’accumule dangereusement dans le sang, de même que le gras des triglycérides, ce qui augmente fortement la glycémie et le taux de triglycérides sanguin. Cette hypersécrétion d’insuline peut aussi épuiser le pancréas, en présence ou non de résistance à l’insuline, du fait d’une demande en insuline grandissante qu’il n’est plus capable d’assurer. L’hyperinsulinisme cause généralement une sensation de faim permanente et entretient un mécanisme de stockage de gras permanent. Le sucre a le pouvoir d’augmenter notre appétit ou plutôt notre envie de manger, en activant les circuits de la récompense de notre cerveau. Il peut perturber et bloquer la production d’hormones de satiété comme la leptine, nous empêchant de nous sentir rassasiés. Bien que le glucose soit nécessaire à petites doses, sa consommation quotidienne en excès peut nous entraîner dans une spirale de prise de poids avec les problèmes de santé qui y sont associés. Dès lors que nous développons, de surcroît, une résistance à l’insuline, le déstockage de ces graisses accumulées sera encore plus difficile.Dans un entretien du 15 mars 2022 , l’OMS* explique que “39 millions d'enfants de moins de 5 ans sont en surpoids et donc ont un plus grand risque de développer l'obésité lorsqu'ils deviennent adolescents ou adultes. Chez les enfants entre 5 et 19 ans, 150 millions d'entre eux sont obèses, avec des conséquences déjà observables sur leur santé. Chez les adultes, 600 millions sont obèses et presque 2 milliards de personnes sont en surpoids.” Par ailleurs, l’obésité est à l’origine de nombreux décès par an dans le monde : on estime que 3 millions de morts de maladies cardiovasculaires par an se révèlent être causées par l’obésité, de même qu’1 million de morts du diabète de type 2 ou encore 500 000 morts de cancer. Le sucre est intimement lié au développement de ces maladies. Nous sommes exposés trop tôt puis quotidiennement à une surconsommation de sucres. L’une des solutions proposées est notamment de permettre l’accès à tous à une alimentation saine et de limiter le marketing, notamment auprès de enfants, autour du sucre.
Dr Francesco Branca, Directeur du Département de la nutrition pour la santé et le développement à l'Organisation Mondiale de la Santé, 2022, ONU Info, "Le sucre, un des problèmes majeurs de l'obésité."
2 – Dépendance et troubles du comportement alimentaire :
Les compulsions alimentaires et les troubles du comportement alimentaire ou des conduites alimentaires (TCA) sont multi-factoriels et ne sont pas toujours bien compris. La relation à la nourriture, au poids et au corps sont perturbés au point d’avoir des répercussions sur le bien-être physique, psychique et émotionnel. Si les compulsions alimentaires prennent souvent la forme d’une augmentation des prises alimentaires au-delà du seuil de satiété ou sous forme de grignotage fréquent avec un lien fort aux habitudes ou aux émotions, les troubles du comportement alimentaire, quant à eux, prennent différentes formes et ils sont généralement associés à de la souffrance psychique et émotionnelle. Les principaux troubles du comportement alimentaire sont :- L’anorexie mentale : elle se caractérise par une restriction importante de la nourriture. La peur de prendre du poids étant intense, tout aliment qui pourrait être associé à une prise de poids est rejeté. La perception de l’apparence du corps est altérée, même en état d’insuffisance pondérale ou de maigreur, la peur de prendre du poids ou d’être en surpoids persistant. Cette perception altérée influence d’autant plus l’estime de soi. Il peut également y avoir une notion de plaisir de maigrir et de contrôle de soi. Le choix des aliments est orienté vers cet objectif. Il peut même y avoir recours à des conduites boulimiques, comme les vomissements provoqués.
- La boulimie : elle se caractérise par une envie compulsive et intense d’avaler une grande quantité de nourriture. Cela se produit sous forme de crises, les aliments sont avalés dans un laps de temps très court. Au moment de la crise, il y a une perte de contrôle de soi, l’envie d’avaler de la nourriture est irrépressible. Suite à la crise, se mettent en place des comportements compensatoires tels que les vomissements, laxatifs, sport intense notamment, pour éviter la prise de poids. Du fait, de ces comportements, la personne souffrant de boulimie ne prend certes pas de poids, mais sa propre estime en est fortement affectée.
- L’hyperphagie ou hyperphagie boulimique : tout comme la boulimie, elle se caractérise par un besoin intense et compulsif d’avaler dans un laps de temps très court une grande quantité de nourriture, à la différence qu’il n’y a pas de comportements compensatoires comme les vomissements ou utilisations de diurétiques et laxatifs. Cette surconsommation alimentaire génère la plupart du temps une prise de poids qui s’aggrave au fil du temps et expose la personne à l’obésité, avec tous les risques pour la santé qui y sont associés. En effet, ces épisodes de crise font consommer une quantité d’aliments qui dépasse fortement les besoins énergétiques du corps. Cette prise de poids, associée à la perte de contrôle de soi, provoque généralement une perte de confiance en soi, ainsi qu’un sentiment de honte, qui entretient le mécanisme dans un cercle vicieux.
Le sucre appelle le sucre. Une dépendance qui peut entretenir et même développer des compulsions alimentaires !
Ces troubles du comportement alimentaire entraînent de graves risques pour la santé. Bien entendu, les causes des troubles du comportement alimentaire et des compulsions alimentaires sont multiples, liées à des facteurs génétiques, psychologiques, environnementaux, familiaux ou socioculturels. Les troubles sont cependant également favorisés par une surconsommation de sucre, de glucides, de produits transformés, d’additifs et de graisses végétales de mauvaise qualité qui créent un ensemble très addictif, qui entretient le mécanisme. Ces aliments se consomment facilement, n’ont quasiment pas besoin d’être mâchés pour être avalés en grande quantité et si besoin être vomis avec une grande facilité. Si le sucre se retrouve dans la quasi totalité des préparations industrielles, c’est que son pouvoir addictif est incomparable. A l’ère des produits allégés en graisses, le sucre est devenu l’ingrédient incontournable des industriels pour faire de leurs produits des aliments irrésistibles, source de plaisir. Il faut savoir que le sucre dérègle la production des hormones de satiété, ce qui incite à consommer encore davantage de sucre. Le sucre appelle le sucre ! De plus en plus de gens peinent à résister à l’appel du sucre et des aliments transformés. Même si le nombre des personnes souffrant des formes sévères de troubles du comportement alimentaire reste assez faible (1% des femmes et 0,3% des hommes en France pour l’anorexie, 1,5% des femmes et 0,5% des hommes pour la boulimie et 3% des femmes et 1,5% des hommes pour l’hyperphagie boulimique), en revanche, le nombre de personnes impactées par les formes moins graves est plus important. Une grande partie de la population subit les effets de comportements alimentaires proches de la compulsion alimentaire, allant du grignotage fréquent à l’élévation des quantités d’aliments ingérés. En effet, une alimentation riche en glucides et réduite en lipides de bonne qualité est devenue la base de l’alimentation industrielle. Cette tendance est la recette idéale pour augmenter la dépendance, pour pousser à la surconsommation et elle peut favoriser le terrain pour entretenir les troubles du comportement alimentaire et les compulsions alimentaires. Il est de plus en plus difficile de résister et de se limiter tant le sucre est devenu un pilier pour pousser à la surconsommation.L’hypoglycémie réactionnelle : des pics et chutes de glycémie liés à la consommation de sucre et glucides, un mécanisme qui peut entretenir les compulsions alimentaires !
Les variations de la glycémie, un facteur aggravant qui facilite l’émergence des compulsions alimentaires : Avec les aliments sucrés, les petits grignotages innocents peuvent insidieusement prendre des proportions compulsives et modifier notre comportement alimentaire. Ces grignotages entraînent en effet des successions de pics d’insuline suivis de chutes de glycémie, appelées l’hypoglycémie réactionnelle, qui nous poussent à manger davantage de sucre et autres glucides. Petit à petit, nous perdons notre sensation de faim véritable et nous perdons tout contrôle sur notre appétit. Ainsi, l’impact des aliments sucrés sur la glycémie joue un rôle important sur l’émergence des compulsions alimentaires. A l’inverse des aliments gras, les aliments sucrés et glucidiques sont responsables de fortes variations de la glycémie, qui poussent littéralement à re-consommer des glucides et du sucre. On pourrait croire, lors de ces phases d’hypoglycémie, que le corps a besoin de se nourrir à nouveau car il manque alors d’énergie. En réalité, la forte production d’insuline lors de la surconsommation de sucre et de glucides a forcé les mécanismes de stockage et l’organisme se retrouve rapidement en perte de carburant, sans pouvoir utiliser ce qui a été stocké. En effet, l’insuline est une hormone de stockage, une clé qui enferme les nutriments dans nos cellules et qui empêche le déstockage tant que l’on continue de recevoir du glucose. Si l’on consomme trop de glucides, on continue de produire de l’insuline, qui nous empêche alors d’aller puiser dans nos réserves le glucose (ou le gras) dont on a besoin. Le corps n’a d’autre choix que d’envoyer un message de faim qui nous incite à manger pour apporter le carburant que l’on possède dans nos cellules mais auquel on n’a pas accès. Ces mécanismes de variation élevée de la glycémie, par cette consommation anormalement élevée de sucre et de glucides dans notre société actuelle, favorisent ainsi la prise de poids et le besoin irrépressible de manger de plus en plus fréquemment. Le terrain au développement des compulsions alimentaires n’a jamais été aussi élevé. Il suffit de se promener dans une grande surface, d’étudier la liste des ingrédients sur les étiquettes pour se rendre compte qu’il devient très difficile de ne pas tomber dans le piège sans cuisiner soi-même. Même de nombreux produits bruts comme les fruits et certains légumes sont dénaturés et transformés pour contenir des doses de plus en plus élevées de sucre. Certaines personnes se gavent littéralement de sucre pensant se faire du bien et ne se rendent pas compte du risque de développer petit à petit des compulsions alimentaires problématiques pour leur santé. En effet, il est plus facile de faire un lien entre produits industriels transformés et compulsions alimentaires qu’avec des fruits. Et pourtant les fruits modernes, avec moins de variétés, mais toujours plus sucrées et plus juteuses, n’ont quasiment plus rien à voir avec leurs origines.
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