Une alimentation locale et de saison privilégiant la consommation des produits végétaux et animaux provenant de petits producteurs locaux est bénéfique autant pour la santé que pour l’environnement. Donner une plus grande part à une diversité de légumes (et occasionnellement de fruits) en diminuant l’excès de glucides et de céréales pourrait inciter à l’implantation d’un nombre croissant de petits maraîchers. L’impact positif écologique serait très important.
Une plus grande diversité de légumes, moins d’excès de céréales et d’huiles végétales, une consommation équilibrée en produits animaux, pour retrouver une symbiose animal-végétal dans les systèmes de culture et d’élevage, favorable à la vie des sols et à la biodiversité.
En effet, la concentration en biodiversité est énorme dans un hectare de maraîchage comparé à un hectare de céréales. Si les habitudes alimentaires allaient vers davantage de légumes et de fruits locaux de saison, il y aurait besoin de moins de superficie de monoculture et davantage de maraîchers. Et on verrait alors une augmentation considérable de la biodiversité utile à la faune (insectes, oiseaux, reptiles….).
Il en est de même de l’intérêt de diminuer la consommation des produits animaux à nos besoins véritables en viande. En diminuant fortement les aliments animaux pour le plaisir dont les fromages, les yaourts, les desserts, les charcuteries dont nous n’avons pas besoin et en consommant de ce fait une viande de qualité, on favoriserait à nouveau les petits élevages de pâturage qui enrichissent et nourrissent la vie des sols, apportent du fumier de qualité pour les cultures, etc…
La vie du sol :
Le sol est un milieu organo-minéral. C’est un milieu vivant, avec de la faune (vers de terre, fourmis, termites, etc) et de nombreux micro-organismes (bactéries, champignons, mycorhizes) qui décomposent la flore et font vivre le sol.
L’humus, couche superficielle des sols, est essentiel.
L'humus est “le résultat du processus d'humification qui décompose la matière organique fraîche (débris végétaux et animaux) en matière organique stabilisée (...). En comparaison des couches plus profondes qui sont de nature principalement minérale, l'humus est ainsi essentiellement de nature organique. [Il a la] capacité de retenir l'eau ainsi que les nutriments. (...) Animaux, bactéries et champignons y sont présents et participent à la décomposition de la matière organique qui est apportée en continu.”
Futura Sciences
La matière organique et les racines des arbres plus en profondeur permettent la porosité des sols, aèrent les couches du sol et permettent donc aux sols de retenir l’eau et l’oxygène.
La vie du sol : un écosystème indispensable et pourtant si fragile !
La matière organique intacte stocke 300% de son poids en eau et permet notamment l’absorption de l’eau par les sols, représentant ainsi un important levier dans les sécheresses de saison que l’on observe ces dernières décennies, ou encore les inondations.
Rôle de la faune : elle se compose de divers petits animaux décomposeurs (mollusques, araignées, insectes, vers de terres, larves, acariens, petits vertébrés, …). Ils se nourrissent notamment de la litière (déchets de végétaux) et aident à la décomposer. Ils remuent le sol : en remontant quotidiennement à la surface, les vers de terre par exemple font remonter avec eux en surface du sol les nutriments nécessaires aux plantes (potasse, phosphore, magnésie, calcium).
Une faune complexe et efficace pour la fertilité de la terre !
Les vers de terre permettent également de lier les différentes couches du sol, l’humus, couche superficielle, et l’argile, couche souterraine, de même que les racines des arbres qui maintiennent les sols entre eux et rendent le sol poreux, tel une éponge. De plus, s’il y a moins de vers de terre et de faune en général, les éléments minéraux contenus dans l’humus vont être lessivés directement dans les nappes phréatiques et entraîner une pollution des eaux souterraines, la terre sera compacte, incapable de retenir l’eau et provoquera l’érosion des sols, les écoulements de terre en boues dans les rivières, etc.
Les micro-organismes, le pilier fondamental de la vie du sol !
Rôle des micro-organismes : les micro-organismes (bactéries, champignons, protozoaires, nématodes, etc) représentent 75 à 90 % de la biomasse vivante du sol et y ont un rôle majeur. Les matières organiques (composés organiques qui proviennent des restes d’organismes qui étaient autrefois des êtres vivants, tels que les plantes et les animaux et leurs déchets) doivent être minéralisées (décomposées et transformées) pour être assimilables par les plantes.
Les micro-organismes se nourrissent de la matière organique du sol et la transforment en composés nécessaires aux plantes : azote, phosphore, souffre, potassium, calcium, magnésium, cuivre, zinc, cobalt et manganèse. Les champignons peuvent même dégrader la lignine, un des composés principaux des végétaux.
Certaines bactéries et certains champignons forment des symbioses avec les racines en réseaux de mycorhizes. Les microorganismes participent comme les racines à la structuration du sol, permettant une meilleure aération et un passage de l’eau dans le sol. Ils sont par ailleurs en compétition avec certains pathogènes des plantes dont ils limitent l’implantation et la prolifération par leur surnombre.
Certaines bactéries et certains champignons sont capables de dégrader les pesticides et les polluants et sont même les seuls à pouvoir dégrader des contaminants particuliers très résistants, comme le chlordécone, un pesticide dangereux pour la santé qui était notamment utilisé à grande échelle dans les bananeraies aux Antilles.
L’érosion des sols :
On observe une érosion (perte des sols) grandissante, due de façon non exhaustive à divers problèmes dont les mauvaises pratiques agricoles, l’urbanisation et la pression climatique.
En Europe, cette dégradation (touchait) déjà 33 millions d’hectares, soit 4 % des terres arables”, selon un rapport de décembre 2015 de l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
FAO
Cependant, selon les chercheurs, le problème pourrait ne pas être irréversible si des changements de pratiques sont adoptés.
La disparition des petites fermes s’est faite au profit des géantes, dont les surfaces de culture en monoculture sont démesurées, avec la disparition de toutes les petites haies et des petits bois qui bordaient les champs dans le passé. Ainsi, les surfaces bien trop grandes et la disparition des arbres favorisent le lessivage des sols. Bien qu’une partie des animaux d’élevage soit encore en pâturage en France, la tendance des modes d’élevage intensif est de rassembler les animaux dans des espaces restreints. Pourtant, les pâturages en rotation sont des zones particulièrement intéressantes pour retenir l’eau de pluie avec une flore diversifiée qui maintient un système racinaire permettant la porosité de la terre, et des haies qui bordent les pâturages. L’élevage et l’agriculture intensifs ont fait disparaître une grande partie des arbres et de la biodiversité pourtant indispensables au renouvellement de l’humus et à la vie du sol. Les intrants chimiques nécessaires pour faire pousser les céréales et les végétaux dans une terre de moins en moins fertile, continuent de tuer la vie du sol. La terre se compacte et ne peut plus retenir l’eau, entraînant une terre de moins en moins vivante, qui ne peut plus fournir aux aliments toutes leurs qualités nutritionnelles. On observe d’ailleurs aujourd’hui que même les animaux d’élevage sont supplémentés pour pallier ces déficits.
La symbiose animal-végétal pour repenser la symbiose culture et agriculture :
La terre a fondamentalement besoin de la symbiose entre le végétal et l’animal pour rester vivante et productive. Autrefois, les prairies naturelles dans toutes les régions froides, tempérées et même chaudes du monde étaient entretenues par d’immenses troupeaux d’herbivores de plusieurs dizaines de millions d’individus (bisons, gnous, cervidés, rennes…) qui permettaient à la vie du sol de prospérer et de remplir son rôle essentiel pour toute la biodiversité. A l’inverse, les cultures de végétaux se font sur des surfaces en détruisant la vie du sol et la biodiversité. Quel que soit le mode de culture utilisé, il faudra anéantir les prédateurs, qui vont des insectes aux herbivores, en passant par les oiseaux et les rongeurs. Il faudra repousser toujours plus loin la vie sauvage jusqu’à son extinction pour protéger les cultures. Autant pour notre santé que pour la biodiversité, un équilibre est à trouver, qui allie l’élevage et la culture et par cela même les sources d’aliment animal et végétal. L’un au détriment de l’autre finirait de détruire les terres cultivées déjà tellement appauvries. Les produits animaux sont plus denses et plus nutritifs que les produits végétaux. Un modèle est à repenser pour un parfait équilibre nutritionnel et écologique.
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