Sucre et résistance à l’insuline, intolérance au glucose, hyperinsulinisme et diabètes
1 – Le Syndrome métabolique :
Le syndrome métabolique est l’association de plusieurs troubles du fonctionnement de notre organisme à cause de la présence de graisse viscérale, c’est-à-dire à l’intérieur du ventre.
Le syndrome métabolique est causé par :
- Une mauvaise alimentation, notamment une consommation excessive de glucides conduisant à une sécrétion trop importante d’insuline, appelée hyperinsulinisme ;
- La baisse de la consommation de graisses animales riches en “bonnes graisses” saturées ;
- La consommation excessive d’acide linoléique qu’on retrouve dans les huiles végétales de graines (tournesol, soja, maïs, carthame, …). Mais on trouve également cet acide gras dans le gras de produits animaux : gras de poulets, de canards, d’oie, de porc.
- La baisse de l’activité physique voire la sédentarité.
On associe souvent le syndrome métabolique à la résistance à l’insuline. Même si les deux peuvent être liés, ce n’est pas tout à fait la même chose et il convient de comprendre la différence.
Notre organisme utilise normalement du gras pour fonctionner. Ce sont nos cellules graisseuses, les adipocytes, qui stockent le gras sous forme de triglycérides, composées de 3 acides gras tenus entre eux par une molécule de glycérol. En cas de besoin, ce gras est libéré après avoir été découpé en acides gras et glycérol. Les acides gras peuvent être utilisés directement par nos muscles comme énergie ou transformés en cétones par notre foie pour être ensuite utilisés par les organes qui en ont besoin (notamment le cerveau, le cœur et les reins).
Le gras nous est apporté soit directement par notre alimentation, soit il est synthétisé par notre corps à partir du glucose, lui-même issu de la digestion des glucides que nous ingérons. L’insuline joue un rôle crucial dans ce processus : elle permet de stocker l’excès de glucose sous forme de glycogène (dans le foie et les muscles) ou de le transformer en acides gras pour être stockés sous forme de triglycérides dans les cellules adipeuses. L’insuline facilite également l’entrée et le stockage des graisses alimentaires, sous forme de triglycérides, dans les cellules adipeuses.
Moins notre corps a besoin de créer et d’utiliser d’insuline, notamment grâce à un régime pauvre en glucides, et moins nous stockons de gras.
L’hyperinsulinisme, c’est-à-dire l’augmentation chronique du niveau d’insuline dans le sang, est souvent associée à une résistance à l’insuline, un état où les cellules de l’organisme répondent moins bien à l’action de l’insuline. Cette combinaison est un élément central du syndrome métabolique, un ensemble de facteurs de risque qui augmentent le risque de maladies cardiaques, d’AVC et de diabète de type 2.
Le syndrome métabolique a de nombreuses conséquences, souvent liées à l’hyperinsulinisme et à la résistance à l’insuline :
- Stockage du gras : L’excès de glucose dans le sang, dû à la résistance à l’insuline, est transformé en triglycérides (graisses) et stocké dans les cellules adipeuses, notamment au niveau abdominal. Cela se traduit souvent par une augmentation du tour de taille et un excès de graisse viscérale, néfaste pour la santé.
- Augmentation de la pression artérielle : L’hyperinsulinisme peut contribuer à l’hypertension artérielle par plusieurs mécanismes, notamment en augmentant la rétention de sodium (sel) par les reins et en ayant un effet direct sur la paroi des vaisseaux sanguins.
- Augmentation de la glycémie (taux de sucre dans le sang) : La résistance à l’insuline est la principale cause de l’augmentation de la glycémie. Les cellules ne répondant plus correctement à l’insuline, le glucose ne peut pas entrer efficacement dans les cellules pour être utilisé comme énergie. Le pancréas compense en produisant plus d’insuline (hyperinsulinisme), ce qui peut finir par l’épuiser, conduisant au diabète de type 2.
- Augmentation des triglycérides : L’hyperinsulinisme favorise la synthèse des triglycérides dans le foie et réduit leur dégradation. L’excès de triglycérides se retrouve alors dans le sang, augmentant le risque de maladies cardiovasculaires.
Enfin, bien que non lié à l’hyperinsulinisme, le syndrome métabolique a aussi pour conséquence une baisse du cholestérol HDL. Il existe 2 types de cholestérol, le LDL, longtemps appelé le “mauvais cholestérol” et le HDL. Le cholestérol est un transporteur du gras. Le HDL est indispensable, si bien qu’une baisse de HDL est souvent associée à des problèmes cardiovasculaires graves. Cette diminution est notamment due à une diminution de la consommation de graisses animales saturées et mono-insaturées (oméga 9) et à une diminution de l’activité physique.
La résistance à l’insuline et l’hyperinsulinisme sont étroitement liées et contribuent toutes deux au développement du syndrome métabolique, mais il ne s’agit pas d’une relation de cause à effet unidirectionnelle.
Voici comment ces éléments interagissent :
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- Résistance à l’insuline : Dans un premier temps, les cellules de l’organisme deviennent moins sensibles à l’insuline, une hormone qui régule le taux de sucre dans le sang (glycémie). Cela signifie que le pancréas doit produire plus d’insuline pour obtenir le même effet hypoglycémiant.
- Hyperinsulinisme : Cette production excessive d’insuline, appelée hyperinsulinisme, permet de maintenir une glycémie normale dans un premier temps. Cependant, à long terme, l’hyperinsulinisme aggrave la résistance à l’insuline et contribue au développement du syndrome métabolique.
- Syndrome métabolique : Le syndrome métabolique est un ensemble de troubles métaboliques (augmentation du tour de taille, hyperglycémie, hypertension artérielle, augmentation des triglycérides et baisse du « bon » cholestérol) favorisés par la résistance à l’insuline et l’hyperinsulinisme chronique.
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En résumé :
La résistance à l’insuline est souvent le déclencheur initial, mais elle est ensuite aggravée par l’hyperinsulinisme qu’elle provoque.
L’hyperinsulinisme est une conséquence de la résistance à l’insuline, mais elle contribue à son tour au développement du syndrome métabolique.
Le syndrome métabolique est un ensemble de troubles complexes, influencé par de multiples facteurs, dont la résistance à l’insuline et l’hyperinsulinisme jouent un rôle central.
Bien que fréquemment associé au surpoids et à l’obésité, le syndrome métabolique peut également se manifester chez des individus sans surpoids apparent. La présence de plusieurs facteurs de risque (hypertension artérielle, hyperglycémie, augmentation du tour de taille, taux élevé de triglycérides, faible taux de HDL cholestérol), même en l’absence d’un excès de poids significatif, doit alerter.
2 – Résistance à l’insuline :
Lorsque nous consommons du sucre et des glucides, notre système digestif les décompose en glucose. Ce glucose passe ensuite dans le sang. L’insuline, une hormone produite par le pancréas, joue alors un rôle crucial : elle permet au glucose de pénétrer dans nos cellules.
Une fois à l’intérieur des cellules, le glucose est transformé en énergie sous forme d’ATP (adénosine triphosphate), essentielle au fonctionnement de notre organisme. L’insuline régule ainsi la concentration de glucose dans le sang (glycémie). Un excès de glucose dans le sang (hyperglycémie) peut être néfaste pour la santé.
L’augmentation de la consommation de sucre au cours des dernières décennies peut perturber ce processus. En effet, une consommation excessive de sucre sollicite constamment la production d’insuline. A long terme, cela peut entraîner une résistance à l’insuline, c’est-à-dire que les cellules répondent moins bien à l’action de l’hormone, ce qui peut mener à des problèmes de santé comme le diabète de type 2.
Il est vrai que l’insuline joue également un rôle dans le stockage de l’énergie. Lorsque les réserves de glucose sont pleines, l’insuline favorise la transformation du glucose en glycogène, une forme de stockage du sucre, principalement dans le foie et les muscles. Ce glycogène peut être ensuite reconverti en glucose en cas de besoin énergétique.
Cependant, notre capacité de stockage du glycogène est limitée. Face à un apport excessif et chronique de sucre, les réserves de glycogène arrivent rapidement à saturation. Le surplus de glucose représente alors une menace pour l’organisme qui doit absolument maintenir un équilibre de la glycémie.
C’est alors que l’insuline intervient en orientant le surplus de glucose vers sa transformation en triglycérides, la forme de stockage de la graisse. Ces triglycérides sont stockés dans les cellules adipeuses (tissu adipeux), ce qui explique la prise de poids associée à une consommation excessive de sucre.
Ce phénomène, s’il se répète fréquemment, peut avoir des conséquences néfastes:
Surproduction d’insuline: La consommation importante et répétée de sucre entraîne une sollicitation intense et continue du pancréas, qui doit produire toujours plus d’insuline pour gérer l’excès de glucose. A long terme, cela peut épuiser le pancréas et mener à une diminution de sa capacité à produire de l’insuline.
Résistance à l’insuline: L’exposition constante à des niveaux élevés d’insuline peut entraîner une diminution de la sensibilité des cellules à cette hormone. Les cellules deviennent alors moins réceptives à l’action de l’insuline, ce qui rend difficile l’entrée du glucose dans les cellules. Ce phénomène, appelé résistance à l’insuline, est un facteur de risque majeur pour le développement du diabète de type 2.
Lorsque l’on consomme régulièrement des quantités excessives de sucre, le pancréas doit produire de plus en plus d’insuline pour maintenir une glycémie stable. Ce phénomène peut conduire à une hyperinsulinémie, c’est-à-dire un taux d’insuline chroniquement élevé dans le sang.
L’hyperinsulinémie est souvent le signe d’une résistance à l’insuline. En effet, face à l’abondance constante de glucose, les cellules du corps deviennent moins sensibles à l’action de l’insuline. Le pancréas, pour compenser cette résistance et faire entrer le glucose dans les cellules, doit alors sécréter encore plus d’insuline.
Ce cercle vicieux a des conséquences néfastes:
Épuisement du pancréas: Le pancréas, constamment sollicité pour produire de l’insuline en excès, peut s’épuiser. Cette situation augmente le risque de développer un diabète de type 2, une maladie caractérisée par une incapacité du pancréas à produire suffisamment d’insuline ou par une résistance importante à l’insuline.
Accumulation de glucose dans le sang: Lorsque l’insuline ne parvient plus à jouer correctement son rôle (entrée du glucose dans les cellules et stockage), le taux de glucose dans le sang (glycémie) augmente dangereusement. Cette hyperglycémie chronique a des effets toxiques sur de nombreux organes et augmente le risque de complications graves comme les maladies cardiovasculaires, les problèmes oculaires, rénaux et neurologiques.
En résumé:
La résistance à l’insuline et l’hyperinsulinémie qui en découle sont des signaux d’alarme d’un dérèglement du métabolisme du sucre. Si ces signaux ne sont pas pris au sérieux, le risque de développer un diabète de type 2 et d’autres complications de santé augmente considérablement.
La résistance à l’insuline est un problème de santé publique majeur, souvent silencieux mais aux conséquences potentiellement graves. Elle se caractérise par une diminution de la sensibilité des cellules à l’action de l’insuline, ce qui perturbe l’entrée du glucose dans les cellules et entraîne une augmentation du taux de sucre dans le sang (hyperglycémie).
Loin d’être bénigne, la résistance à l’insuline est considérée comme un état précurseur du diabète de type 2. En l’absence de mesures pour améliorer la sensibilité à l’insuline, elle évoluera le plus souvent vers un diabète avéré.
Outre le diabète, la résistance à l’insuline augmente considérablement le risque de développer d’autres problèmes de santé graves, notamment :
- Maladies cardiovasculaires: L’hyperglycémie chronique endommage les vaisseaux sanguins, augmentant ainsi le risque de maladies cardiaques, d’accidents vasculaires cérébraux (AVC), d’hypertension artérielle et d’athérosclérose.
Insuffisance rénale: Les reins, chargés de filtrer le sang, sont également mis à rude épreuve par l’excès de glucose, ce qui peut conduire à une insuffisance rénale. - Problèmes oculaires: L’excès de sucre dans le sang peut endommager les petits vaisseaux sanguins de la rétine, entraînant des troubles de la vision, voire une perte de la vue.
- Neuropathie: L’hyperglycémie peut endommager les nerfs périphériques, provoquant des douleurs, des engourdissements et des picotements dans les mains et les pieds.
Le problème majeur de la résistance à l’insuline est qu’elle est souvent asymptomatique à ses débuts. Nombreuses sont les personnes qui en sont atteintes sans le savoir, car elle ne provoque pas de douleur ou de gêne particulière.
Avec l’augmentation de la prévalence du surpoids, de l’obésité et des modes de vie sédentaires, la résistance à l’insuline, et par conséquent le diabète de type 2, sont en constante augmentation dans le monde, touchant même des populations de plus en plus jeunes.
Il est donc crucial de sensibiliser les gens à l’importance d’une alimentation équilibrée, d’une activité physique régulière et d’un suivi médical régulier pour prévenir la résistance à l’insuline et ses complications.
Le diabète de type 2 touche aujourd’hui environ 537 millions de personnes dans le monde selon les estimations de 2021(1). En France, en 2021, plus de 4 millions de personnes sont traitées par médicament pour un diabète, tous diabètes confondus, soit plus de 6 % de la population (2). Le diabète de type 2 constitue la forme la plus répandue dans le monde, jusqu’à plus de 90%, dont les facteurs sont socio-économiques, environnementaux, démographiques et parfois également génétiques. Le manque d’activité physique, les habitudes alimentaires et le surpoids jouent un rôle prépondérant dans le développement d’un diabète de type 2. La Fédération Internationale du Diabète (IDF) indique que 10,5 % de la population adulte, entre 20 et 79 ans, serait atteinte de diabète, la moitié d'entre eux s’ignorant malades cependant. Elle annonce une progression devant aboutir à environ 783 millions de personnes en 2045 (12,2% de la population adulte mondiale), soit une augmentation de 46%, une véritable épidémie. Selon les chiffres de l’IDF présentés lors du congrès de l’EASD (European Association for the Study of Diabetes), les chiffres du prédiabète dépassent déjà les 500 millions de personnes : 9,1 % des adultes dans le monde avaient une intolérance au glucose en 2021 et 5,6 % une glycémie à jeun altérée. En 2045, ces chiffres devraient atteindre 10 % (640 millions d’individus) pour l’intolérance au glucose et 6,2 % (397 millions) pour la glycémie à jeun altérée, avec des niveaux plus hauts dans les pays à revenu élevé (1). Le nombre de personnes touchées par le diabète augmente particulièrement vite du fait de la grande partie de la population touchée par le prédiabète, si bien qu’il est devenu une préoccupation majeure mondiale : “En avril 2021, l’OMS a publié le Pacte mondial contre le diabète, une initiative mondiale visant à améliorer durablement la prévention et la prise en charge du diabète, en mettant particulièrement l’accent sur le soutien aux pays à revenu faible et intermédiaire.”(3)
*Sources : 1 - Fédération Internationale du Diabète, 2 - Assurance maladie, 3 - Organisation Mondiale de la Santé.
Quand un carburant nous pousse à l’excès, à la dépendance et à la maladie … peut-être serait-il raisonnable d’en changer !
Heureusement, le sucre n’est pas le seul, ni le meilleur, ni le plus propre, ni même le plus souhaitable des carburants que le corps est capable d’utiliser. Il l’utilise en premier à cause de sa dangerosité lorsqu’il est consommé en excès. Le corps va en faire sa priorité, non pas parce que le sucre est un meilleur carburant, mais parce qu’il veut régler le problème de sa présence, souvent excessive. La conséquence est que nous avons perdu notre flexibilité à utiliser de meilleures sources d’énergie, car les apports en sucre sont trop fréquents et trop importants. Notre organisme a en effet une capacité originelle à transformer les graisses en énergie et même le cerveau bénéficie de ses nombreux avantages, puisque ce dernier peut carburer aux cétones issues du gras, à hauteur de 80%.3 – Intolérance au glucose, une forme de pré-diabète :
Les pics de glycémie qui résultent normalement de la consommation de sucre et de glucides entraînent la libération d’insuline par les cellules du pancréas. Cette insuline va ramener rapidement la glycémie à une valeur normale. Cependant, chez les personnes qui développent une résistance à l’insuline, cette perte de sensibilité à l’insuline va entraîner des difficultés à contrôler le niveau de glucose dans le sang. La personne dite intolérante au glucose n’est pas encore en hyperglycémie sévère qui est caractéristique des personnes atteintes de diabète, mais elle présente une glycémie dans le sang supérieure à la normale. Les causes de l’intolérance au glucose sont souvent les mêmes que celles du diabète de type 2 : il existe un facteur génétique, mais surtout des facteurs environnementaux liés à une alimentation déséquilibrée, un manque d’activité physique, un surpoids ou de l’obésité. Le test de dépistage est effectué après ingestion de glucose. Les personnes intolérantes au glucose sont parfois également atteintes d’une hyperglycémie modérée à jeun. L’intolérance au glucose et l’altération de la glycémie à jeun sont des manifestations du pré-diabète. Les personnes qui en sont atteintes sont à risque de développer un diabète de type 2, mais aussi une maladie cardiovasculaire ou un accident vasculaire cérébral. Le dépistage chez ces personnes représente un enjeu majeur de santé publique afin de mettre en place les mesures, notamment un changement de mode de vie, pour éviter un passage au diabète de type 2.4 – L’hyperinsulinisme :
Dans de rares cas, l’hyperinsulinisme peut être d’origine génétique ou lié à une tumeur du pancréas, mais il est le plus souvent la conséquence d’une alimentation trop riche en glucides. Il correspond à une sécrétion en excès d’insuline pour répondre à un apport trop important et continu de glucides. A terme, le pancréas va s’épuiser à la tâche et n’arrivera plus à sécréter suffisamment d’insuline pour remplir son objectif. L’hyperinsulinisme mène aussi parfois à la résistance à l’insuline et / ou au syndrome métabolique. Elle ne doit pas être prise à la légère, comme l’intolérance au glucose et l’hyperglycémie à jeun, car elles sont des voies directes vers le diabète de type 2, une maladie mortelle en forte augmentation, qui touchait plus de 4 millions de personnes en France en 2021 et était responsable de plus de 85 000 décès dans le pays la même année.5 – Le diabète de type 2 :
Le diabète de type 2 est une maladie chronique qui se caractérise par une hyperglycémie, c’est-à-dire par un excès permanent du taux de glucose dans le sang. Cette hyperglycémie est la conséquence de la résistance à l’insuline.Résistance à l’insuline et diabète de type 2, des maladies qui couvent et se développent en silence et sans douleur, jusqu’à nous mettre en danger. Un pourcentage croissant et élevé de personnes concernées qui l’ignorent !
La consommation importante de sucre et de glucides a pour conséquence une production élevée et constante d’insuline. A force, les cellules deviennent moins sensibles à l’insuline. Celle-ci ne peut plus jouer son rôle essentiel et rétablir un bon équilibre de glucose sanguin. La pénétration du glucose dans les cellules ne pouvant plus se faire aussi facilement, le taux de sucre dans le sang augmente fortement et les cellules n’ont plus accès au glucose disponible (pourtant en grande quantité dans le sang). Elles “meurent de faim”, n’étant pas alimentées convenablement malgré la présence de nutriments dans le sang. Cette augmentation anormalement élevée de glucose demande au pancréas de produire davantage d’insuline, ce qui finira forcément par l’épuiser. Ainsi la production d’insuline ne peut plus suffire à maintenir l’équilibre, la concentration de glucose dans le sang s’élève davantage, ce qui entraîne des complications de plus en plus graves. Cette maladie, qui concerne un nombre croissant de personnes, est indolore et silencieuse. Le diagnostic du diabète de type 2 est souvent tardif, alors que la maladie s’est déclarée bien avant celui-ci.En moyenne selon les chiffres de la Haute Autorité de Santé de 2006, il peut s’écouler entre 9 et 12 ans avant que les symptômes découlant du diabète de type 2 ne trahissent sa présence. Bien que le diabète de type 2 concerne aujourd’hui environ 6 % de français traités et diagnostiqués selon les chiffres de 2021, du fait du caractère silencieux de la maladie, une grande partie de la population pourrait avoir déjà développé cette maladie sans le savoir. En effet, environ 1 français sur 2 n’a jamais réalisé de dépistage. Selon l’Inserm, on pourrait estimer de 20 à 30% la part des adultes diabétiques non diagnostiqués. Cette part diminuerait avec l’âge, tombant autour des 13 % chez les 55–74 ans, le dépistage et les symptômes étant plus fréquents dans cette catégorie d’âge.
*Source : Haute Autorité de Santé (HAS), 2006, Principes de dépistage du diabète de type 2 ; Inserm, 2017, modifié en 2019, Dossier : Diabète de type 2.
Cependant, au vu des habitudes alimentaires de ces dernières décennies, et du manque d’activité physique croissant, le risque de développer un diabète de type 2 augmente fortement dès 40 ans. Pire encore, les moins de 30 ans et les jeunes sont de plus en plus fréquemment touchés. Ceci s’explique d’abord par le surpoids et l’obésité, qui constituent un risque important de développer la maladie et qui progressent à vitesse grand V chez les jeunes populations dans le monde. Le dépistage à cet âge reste parfois difficile entre le diabète de type 1, le plus répandu chez la jeune population, et le diabète de type 2, décalant la bonne prise en charge de la maladie.
Dans le monde, le taux d’adolescents et jeunes adultes touchés par le diabète de type 2 est passé d’environ 117 cas pour 100 000 habitants en 1990 à environ 183 cas pour 100 000 habitants en 2019. L’étude a été menée auprès de participants âgés de 15 à 39 ans, issus de 204 pays et territoires, entre 1990 et 2019. Bien que les pays de l’Europe occidentale ne soient pour l’instant pas les plus touchés, ils sont ceux où l’augmentation des cas a été la plus rapide. L'étude révèle également que les jeunes femmes sont plus grandement impactées, alors que classiquement, les hommes sont plus touchés par la maladie qui se déclare après un certain âge. Le surpoids, mesuré à partir de l’indice de masse corporelle, représentait le principal facteur de cette augmentation dans l’apparition précoce du diabète de type 2.
*Source : British Medical Journal, 2022, Le fardeau mondial du diabète de type 2 chez les adolescents et les jeunes adultes, 1990-2019 : analyse systématique de l'étude sur la charge mondiale de morbidité 2019.
Parmi les autres facteurs de développement du diabète de type 2 liés à l’hygiène de vie, on retrouve le tabagisme, actif comme passif.
Bien que méconnu du grand public comme étant un facteur de risque de diabète, des études menées dans les populations caucasiennes et asiatiques dans les années 2010 révèlent que le tabac augmente le risque de développer un diabète de type 2 de 37 à 44 % chez les fumeurs par rapport aux non-fumeurs. Dans l’étude du British Medical Journal publiée en 2022, le tabagisme passif est le 2e facteur impactant l’apparition du diabète de type 2 chez la jeune femme et le tabagisme actif le 3e chez le jeune homme.
*Sources : Haute Autorité de Santé (HAS), 2022, Tabagisme et diabète : le temps de l'action - British Medical Journal, 2022, Le fardeau mondial du diabète de type 2 chez les adolescents et les jeunes adultes, 1990-2019 : analyse systématique de l'étude sur la charge mondiale de morbidité 2019.
6- Le diabète de type 3 :
Aujourd’hui, il existe deux principaux types de diabètes, en dehors du diabète gestationnel et de diabètes dus à des traitements ou rares :
- Le diabète de type 1 ou diabète insulinodépendant, une maladie auto-immune dans laquelle le corps détruit ses propres cellules, empêchant la fabrication d’insuline. Cette maladie touche très majoritairement l’enfant et le jeune adulte. Il existe une prédisposition génétique dans cette maladie mais la progression rapide de la maladie ces dernières années (environ 4% par an en France), laisse supposer l’existence d’une autre cause, qui pourrait tenir à des facteurs environnementaux (accroissement de l’âge maternel, type d’allaitement dans les premiers mois de la vie, facteurs nutritionnels, exposition à des toxines ou encore taux d’infection par des entérovirus, …)
- Le diabète de type 2 apparaît lorsque l’insuline, hormone régulant le sucre sanguin, ne remplit plus correctement son rôle. L’organisme ne parvenant plus à utiliser efficacement le glucose, celui-ci s’accumule dangereusement dans le sang, provoquant des dommages progressifs aux organes et augmentant le risque de complications graves. La conséquence est une détérioration plus ou moins rapide du corps. En effet, le diabète est reconnu pour détériorer l’état des organes, des nerfs et des vaisseaux sanguins, ce qui peut conduire à la cécité, à l’insuffisance rénale ou à l’amputation des membres inférieurs, principalement les orteils et les pieds.
Le diabète de type 3 est parfois le nom donné à la maladie d’Alzheimer. Certaines études ayant mis en évidence une résistance à l’insuline et des problèmes d’hypo ou d’hyperglycémie chez les malades d’Alzheimer ont fait conclure certains scientifiques à un lien entre le glucose et la gravité de la maladie et de ses symptômes. Les patients atteints de diabète de type 2 auraient d’ailleurs un risque plus élevé de développer un déclin cognitif avec l’âge selon certaines autres études.
Un suivi réalisé sur 12 ans auprès de “2 800 Français de plus de 65 ans (...) a cherché à comprendre l’impact de repas riches en sucres (sucres simples et glucides raffinés) sur le risque de développer une démence. Ces travaux montrent une association entre consommation des sucres au goûter et risque de développer la maladie d’Alzheimer chez les personnes possédant des prédispositions génétiques”, en particulier l’allèle E4 du gène APOE. Le sucre aggraverait donc les signes cliniques de la maladie d’Alzheimer, en particulier, celui consommé lors du “goûter” car il ne serait pas accompagné d’autres nutriments comme les fibres et bonnes graisses. En créant des pics d’insuline, il pourrait provoquer une insulinorésistance, notamment dans le cerveau, à force de répétition quotidienne. Il est important de noter cependant que “chez les participants ne possédant pas le génotype à risque, l’équipe de recherche n’a décelé aucune association entre la survenue de démences et la consommation des sucres lors des quatre repas quotidiens.”
*Source : Inserm/ Université de Montpellier.
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