Les effets du sucre sur le cerveau : entre génétique et environnement
Drogue ou pas drogue ? Le test est intéressant à faire et son résultat n’est malheureusement pas surprenant la plupart du temps !
Utilisé à grande échelle depuis des décennies, nous faisons maintenant partie des générations accoutumées depuis l’enfance aux excès de sucre. Le sucre est partout, dans les aliments ultra transformés bien sûr, dont les effets néfastes ne sont plus à prouver, mais aussi dans des aliments dont nous ne nous méfions pas de prime abord. Nous sommes généralement incités à consommer des fruits pour leurs bénéfices pour notre santé. Malheureusement, ils sont aussi responsables de notre surconsommation de sucre, tant les variétés modernes sont sucrées. Ce qui est généralement problématique, c’est qu’en mangeant des fruits très sucrés trop souvent et en trop grande quantité, nous n’avons pas l’impression de faire du tort à notre santé. Pourtant, il est nécessaire de comptabiliser le sucre présent dans les fruits dans le total des sucres que nous consommons, d’autant plus que de nombreux produits industriels jouent de la mention “sans sucre ajouté » en utilisant le sucre concentré des fruits dans leurs préparations. La sur-stimulation de notre goût pour le sucre, avec la disponibilité excessive d’aliments sucrés auxquels nous sommes constamment exposés, entraîne la plupart du temps, des comportements addictifs, similaires à ceux observés avec des drogues pour certains. Les enjeux économiques et le plaisir de consommer du sucre font du concept d’addiction au sucre un sujet de controverse largement débattu parmi les chercheurs et les professionnels de la santé. La communauté scientifique se divise sur cette question. La neutralité, du fait des enjeux économiques pour l’industrie agro-alimentaire qui fait une utilisation généralisée du sucre, n’est pas toujours assurée pour pouvoir avoir un avis éclairé. Pour autant, la dépendance au sucre et les symptômes associés demeurent une réelle question qu’il semble essentiel de ne pas bloquer, selon Serge Ahmed, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique de Bordeaux. Le simple doute sur cette possibilité doit alerter et nous rendre prudents. Cette façon d’aborder le problème tout en retenue alors qu’une grande majorité de personnes subissent, le plus souvent dès le plus jeune âge, les conséquences de l’addiction au sucre, montre qu’il est difficile de s’attaquer à certains sujets qui ont un fort impact économique. Il ne faut pas oublier que les études ont besoin de financements conséquents. Il est possible de faire dire ce que l’on veut à une étude et de manipuler dans une direction les conditions de l’étude. Il est évident que l’industrie agro-alimentaire dispose de moyens conséquents, qui nous rappellent les grandes campagnes qui vantaient les vertus du tabac, des produits laitiers, des graisses végétales et même du sucre depuis les années 50 !Le principe de précaution s’impose ! Un équilibre difficile à trouver…
Chez de nombreuses personnes, le sucre et la réaction qu’il entraîne, notamment mais sans s’y limiter, la libération de dopamine, leur permettent, durant un instant, de faire face à leurs émotions ou de soulager le stress, entraînant potentiellement un comportement alimentaire compulsif et une dépendance émotionnelle au sucre. En effet, ce soulagement de courte durée, accompagné d’une hausse de la glycémie, entraîne rapidement une baisse de bien-être, voire même l’effet opposé avec un regain de stress plus important que celui ressenti initialement, ce qui pousse bien-évidemment à la consommation d’une nouvelle dose de sucre. Ainsi, l’hypothèse est née qu’une sorte de tolérance au sucre pourrait s’installer, ces personnes en consommant de plus en plus pour obtenir l’effet recherché. Cet effet de dépendance est souvent constaté lors d’un arrêt ou d’une réduction de consommation de sucre, de nombreuses personnes pouvant ressentir alors des symptômes de sevrage.James Brown, professeur associé en biologie et en sciences biomédicales à l'université d'Aston, à Birmingham, au Royaume-Uni, soulignait dans un article publié sur The Conversation en 2021 que l’on constate “des effets négatifs lorsque nous consommons moins de sucre ou que nous le supprimons complètement de notre alimentation. C'est au cours de cette première phase de "sevrage du sucre" que des symptômes mentaux et physiques ont été signalés, notamment la dépression, l'anxiété, le brouillard cérébral et les fringales, ainsi que les maux de tête, la fatigue et les vertiges.”
James Brown, 2021, The Conversation, "Nutrition : qu'arrive-t-il à votre cerveau lorsque vous renoncez au sucre ?"
Selon Serge Ahmed, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique, à Bordeaux, avec le sucre, le taux d’addiction serait entre 5 et 10 %, contre 30 à 40 % pour la nicotine, entre 7 et 9 % pour l'alcool, ou encore entre 15 et 20 % pour la cocaïne.
La presse, Le sucre rend-il accro comme la cocaïne ?
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