Pour aider le consommateur à manger plus sainement, des outils ont vu le jour comme le Nutri-score. En 2017, la France est l’un des premiers pays à adhérer à ce système d’étiquetage censé orienter les consommateurs vers les produits les plus sains et les informer sur la composition des aliments transformés, en termes de sucres, graisses, sel, etc. Malheureusement, l’industrie alimentaire a réagi instantanément et s’est adaptée.
Le Nutri-Score est-il fiable, s’il ne tient pas compte du problème majeur des produits transformés pour notre santé ?
Bien qu’intéressant sur le papier, le Nutri-Score présente encore de nombreuses faiblesses. D’abord, il n’est pas totalement fiable car il ne prend pas en compte d’un côté les vitamines, minéraux, antioxydants et oligo-éléments contenus dans un produit et de l’autre le facteur d’ultra transformation, les allergènes ou les additifs. Il tient compte seulement de certains critères comme l’apport calorique de l’aliment, son contenu en sel et graisses, notamment saturées ou encore le contenu en fibres, protéines, fruits, légumes, légumes secs et fruits à coque ainsi que l’apport en sucres et en fibres. Par ailleurs, il ne prend pas en compte la réalité des portions mais se base sur la consommation théorique de 100 g / 100 ml de produits alors que, pour nombre de produits, la consommation moyenne est largement en dessous de cette quantité. L’industrie agro-alimentaire, qui n’est pour l’instant pas soumise à l’obligation d’indiquer le Nutri-score sur ses produits, profite souvent de la faille dans le système d’évaluation pour adapter la liste des ingrédients de ses produits sans pour autant les rendre meilleurs pour la santé. Certains aliments salutaires ont une note identique ou inférieure à des produits ultra-transformés bien moins sains, comme un soda sans sucre. C’était le cas pour l’huile d’olive, ce qui vient d’être corrigé par une réforme du système de notation entrant en vigueur au 1er janvier 2024, qui pénalise notamment plus durement la présence de sucre, sel et de mauvaises graisses dans les produits et qui reclasse certains produits dans des familles plus pertinentes, notamment le lait et les boissons lactées ou végétales comparées désormais aux autres boissons. Le Nutri-score est en constante évolution et ne cesse de se réformer mais il manque pour l’instant cruellement de pertinence et son affichage n’est pas obligatoire. Il sert à classer les aliments du meilleur au moins bon dans une catégorie de mêmes produits, ce qui est très mal compris et expliqué. Il n’a en effet absolument pas vocation à comparer des aliments appartenant à différentes familles ni à savoir vers quels aliments se diriger car il est incomplet dans ses critères d’évaluation. Il ne faut pas non plus penser qu’il sert à pointer d’une note exemplaire (A) des aliments bons pour la santé, même s’il se targue de classer les “aliments à favoriser et ceux à limiter”, car certains aliments (comme du pain de mie par exemple) peuvent obtenir cette note maximale. Dans un contexte où plus de 50% des aliments présentés comme “favorables” par le nutri-score sont ultra-transformés, l’objectif de réduction de 20% de la part des aliments transformés dans les assiettes en 2023 pris en février 2019 dans le cadre du Plan national nutrition santé (PNNS) semble intenable, même avec les changements amorcés et la prolongation du PNNS actuel jusqu’à fin 2024. Les imperfections du Nutri-Score pour de très nombreux produits, bien classés en A ou B, ont laissé penser qu’ils sont bons pour la santé alors qu’ils devraient figurer tout en bas de notre échelle alimentaire voire ne pas y figurer du tout. D’autres méthodes, comme l’indice SIGA, qui s’inspire d’une méthode de classement du niveau de transformation importée du Brésil, pourraient-elles représenter une complémentarité au Nutri-score, qui ne calcule la qualité nutritionnelle de l’aliment que sur la composition nutritionnelle (gras, protéines, fibres, sucres, sels, etc) ? Les principes nutritionnels ne sont pas assez poussés chez le consommateur. Il fait confiance aveuglément à ce type de système d’évaluation, ou aux applications du même genre (Yuka, Open Food Fact, Scan’up pour ne pas les citer), en oubliant souvent de vérifier par lui-même la pertinence de ces systèmes. Le Nutri-score ou ces applications montrent ainsi leurs limites. Si on les prend pour argent comptant, le risque est grand pour notre santé de se tromper quant au contenu que l’on introduit dans nos assiettes. Il faut continuer de s’informer, de lire les étiquettes et de se questionner.
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