Notre corps utilise le mécanisme de l’inflammation en augmentant sa production de cellules immunitaires (globules blancs) pour se protéger contre les blessures, les infections et les maladies. Utile pour éviter les dommages qu’elles pourraient causer et pour guérir, l’inflammation devient cependant nocive dès lors qu’elle dure dans le temps, des semaines voire des années, et devient ainsi chronique.
Alors que l’inflammation aiguë, réponse immunitaire à court terme, s’accompagne souvent de symptômes (rougeur, douleur, chaleur, gonflement), l’inflammation chronique, elle, est plus invisible, se développant à l’intérieur de notre organisme progressivement et silencieusement avant que les premiers signes ne deviennent réellement repérables.
L’inflammation chronique est propice au développement de plusieurs maladies comme les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2, la stéatose hépatique, la démence ou la dépression. Elle joue également un rôle dans le développement du cancer.
Le sucre est un aliment pro-inflammatoire dont la consommation a un impact qu’il ne faut pas négliger.
La consommation quotidienne et excessive de sucre et de glucides est un problème majeur qui a pour conséquences une cascade de problèmes de santé !
1 – Problèmes inflammatoires :
L’alimentation joue un rôle essentiel dans le processus d’inflammation.
Parmi la liste des aliments dits pro-inflammatoires, on retrouve :
- le sucre, et notamment le fructose des produits transformés et boissons sucrées,
- les glucides raffinés, comme le pain blanc ou les pâtes,
- les aliments ultra transformés contenant notamment des acides gras trans,
- les huiles végétales, souvent oxydées et riches en oméga 6,
- la viande transformée, nourrie peu sainement (maïs par exemple) et issue de l’agriculture intensive.
Les addictions comme l’alcool ou le tabac, et la sédentarité, complètent sombrement le tableau.
Le fructose, que nous consommons quotidiennement aujourd’hui, favorise la perméabilité et l’inflammation intestinales, le stress oxydatif de nos cellules responsable notamment du vieillissement, et l’inflammation du tissu adipeux, entraînant une hausse du risque de développer des maladies cardiovasculaires, une résistance à l’insuline, une augmentation des biomarqueurs inflammatoires, un surpoids voire de l’obésité.
En cas d’obésité, le tissu graisseux est infiltré par des cellules immunitaires provoquant une inflammation qui favorise la résistance à l’insuline et peut conduire au diabète de type 2.
Les aliments ultra transformés sont parfois à l’origine d’une dysbiose intestinale, un déséquilibre dans la composition et la fonction des microorganismes présents dans notre intestin, entraînant un « intestin qui fuit », qui lui-même déclenche une réponse immunitaire sous la forme d’inflammation.
L’inflammation est donc favorisée par le sucre sous toutes ses formes, qui fait prendre du poids, délétère pour la santé dans tous les cas, et qui déséquilibre le microbiote, siège de notre immunité.
Le taux de protéine C-réactive (CRP) est un des marqueurs révélant une inflammation dans l’organisme.
Il a pu être observé une corrélation entre un haut niveau de marqueurs inflammatoires et de futurs problèmes cardiovasculaires. L’inflammation est aussi caractéristique des maladies chroniques et auto-immunes.
Une étude australienne a montré que la consommation de sucre, notamment de fructose présent dans les boissons sucrées, entraîne une augmentation rapide, dans les 30 minutes suivantes, et durable, pendant près de 2 heures, de ces marqueurs d’inflammation. Aux Etats-Unis, où ces boissons sont particulièrement consommées, une étude a montré, sur la base des données recueillies auprès de l’Enquête nationale sur la santé et la nutrition sur la période de 1999 à 2010, que les courbes d’inflammation et des biomarqueurs de risque de maladie chronique étaient intimement liées à la consommation de ces produits, indépendamment des facteurs démographiques et du mode de vie.
Le choix des sources de sucre et glucides que nous mettons à notre menu est déterminant. Il est recommandé de miser sur les aliments à indice glycémique bas, c’est-à-dire qui provoquent des pics de glycémie (quantité de sucre dans le sang), et donc une sécrétion d’insuline, moins importants voire n’en provoquent pas.
L’hyperglycémie est responsable de la formation de produits de glycation avancée (AGE), ou produits de la réaction de Maillard, résultant de la combinaison du sucre avec une autre molécule (protéine, lipide, …) dans le sang, entraînant une modification de la structure et de la fonction de la molécule liée au sucre. Se produit alors une oxydation des cellules ou une inflammation dans le corps avec les conséquences associées :
- vieillissement,
- maladies chroniques, cardiaques, neurodégénératives,
- stress oxydatif, …
- être un homme,
- la prise d’âge,
- avoir des facteurs génétiques.
L’alimentation anti-inflammatoire comprend les aliments entiers riches en nutriments, vitamines, minéraux, et notamment riches en antioxydants.
Attention cependant à certaines listes d’aliments anti-inflammatoires bourrées de végétaux. Les végétaux produisent en effet toutes sortes de toxines végétales dont des lectines, des protéines censées leur assurer une protection pour ne pas être mangés par leurs prédateurs : parmi les lectines connues, on retrouve notamment le gluten. Selon certaines études, elles ne pourraient pas être digérées, empêcheraient l’absorption de certains nutriments et provoqueraient une importante inflammation. Elles sont aussi souvent associées à des anti-nutriments, qui empêchent l’assimilation des minéraux. On retrouve les anti- nutriments et les lectines particulièrement dans les céréales, légumineuses, noix et graines et dans les fruits pas assez mûrs, donc malheureusement souvent ceux que l’on retrouve sur les étals des grandes surfaces, d’autant plus s’ils sont importés.
On n’oublie pas également une activité physique régulière car elle diminue l’inflammation.
2 – Problèmes cardiaques et cardiovasculaires :
L’athérosclérose, facteur de risque de l’infarctus et des accidents vasculaires cérébraux.
La dysbiose intestinale, un déséquilibre de la biodiversité au sein de la flore intestinale dû soit à une baisse du volume de bactéries présentes dans l’intestin ou à un développement des mauvaises bactéries plutôt que des bonnes, joue un rôle dans les maladies cardio et cérébro-vasculaires. Et le sucre n’y est pas pour rien.
La consommation de sucre en grande quantité entretient certains types de bactéries pathogènes qui se nourrissent de sucres simples. Elles peuvent alors proliférer au détriment des bactéries bénéfiques, qui elles se nourrissent principalement de fibres végétales complexes. Lorsque notre alimentation est riche en sucre et pauvre en fibres, cela peut aussi entraîner une diminution de la diversité microbienne, favorisant ainsi la prolifération de certaines souches bactériennes au détriment d’autres. C’est le cas de la candidose par exemple.
La dysbiose peut endommager la barrière intestinale. Ceci se retrouve notamment dans le syndrome métabolique, directement lié à une alimentation déséquilibrée trop sucrée et souvent associé à une altération de l’intégrité de la paroi intestinale, siège de notre microbiote, ainsi qu’un état inflammatoire chronique absolument néfaste pour les vaisseaux sanguins. Il participe à l’installation de maladies cardio et cérébro-vasculaires comme l’athérosclérose, l’hypertension et l’AVC… et maladies cardio-métaboliques : diabète, obésité. Un intestin perméable laisse passer des bactéries entières, qui entraînent une inflammation durable au niveau des tissus adipeux, musculaires et hépatiques sur lesquels elles s’installent.
Les personnes atteintes de syndrome métabolique cumulent surpoids, hypertension artérielle et troubles de la glycémie ou des lipides. Le syndrome métabolique entraîne ainsi une augmentation des triglycérides qui sont la conséquence d’une consommation excessive de glucides, transformés en gras.
L’athérosclérose se caractérise par le dépôt d’une plaque composée de lipides et de cellules inflammatoires, l’athérome, sur la paroi des artères enflammées. Ces plaques s’épaississent avec le temps et peuvent finir par obstruer le vaisseau, ou le rompre. Les adultes sont tous porteurs d’athérome selon l’Inserm. Lorsqu’il s’épaissit et gêne la circulation sanguine, les premiers symptômes peuvent apparaître : douleurs, notamment thoraciques, vertiges, essoufflements, crampes musculaires des membres inférieurs à la marche, etc. La rupture des plaques, elle, crée un caillot pouvant mener à l’infarctus du myocarde ou encore à l’accident vasculaire cérébral. L’inflammation a été confirmée comme étant un paramètre déterminant du risque de complications dans l’athérosclérose, d’où l’intérêt de maîtriser cette inflammation.
Certains facteurs de risque de l’athérosclérose ne sont pas modifiables :
Cependant, ce qui constitue la majeure partie des facteurs de risque est susceptible d’être amélioré si nous nous prenons en main : surpoids, diabète, sédentarité, alimentation, alcool, stress, tabagisme, taux de cholestérol sanguin et hypertension.
Ces facteurs modifiables représentent par exemple 90% des cas responsables d’infarctus du myocarde recensés mondialement.
La prévention, avant le développement des symptômes, consiste donc dans la reprise d’une bonne hygiène de vie, passant par l’activité physique et l’alimentation. Outre le contrôle des sucres et glucides ingérés, les médecins recommandent d’éviter les « mauvaises graisses » des plats industriels et plats transformés de la grande consommation, l’excès d’oméga 6 au détriment d’un équilibre avec les oméga 3 et l’excès de sel.
3 – Problèmes immunitaires :
Le sucre et les glucides, consommés à l’excès, conduisent à l’inflammation chronique et entraînent un affaiblissement immunitaire.
La consommation de sucre en trop grande quantité est d’abord un facteur de développement du syndrome métabolique, qui peut entraîner une altération de l’intégrité de la paroi intestinale ou “fuite intestinale” : l’intestin devient perméable et laisse passer de mauvaises bactéries ou des substances potentiellement nocives dans la circulation sanguine, entraînant une inflammation durable au niveau des tissus adipeux, musculaires et hépatiques.
Par ailleurs, les sucres rapides sont utilisés comme combustibles par certaines bactéries, permettant leur prolifération et entretenant un phénomène de dysbiose, un manque de bonnes bactéries dans l’intestin ou un déséquilibre entre bonnes et mauvaises bactéries. Or, l’intestin joue un rôle majeur dans notre immunité, puisqu’il concentre la majeure partie des cellules de défense de notre organisme. La dysbiose entretient un climat inflammatoire chronique.
L’inflammation chronique peut entraîner un déséquilibre dans la réponse immunitaire, avec une augmentation de la production de cytokines, “petites protéines sécrétées par les cellules en réponse à divers stimuli”, pro-inflammatoires et une diminution de la production de cytokines anti-inflammatoires, affaiblissant la réponse immunitaire contre les infections.
Le syndrome métabolique est facteur, entre autres affections, d’obésité ou encore de développement de diabète de type 2. Chez les personnes diabétiques, il a été observé que la glycémie élevée altère le système immunitaire. En effet, les diabétiques possèdent un nombre réduit de cellules immunitaires appelées NK, dont le rôle est la lutte contre les infections et tumeurs notamment, altérant les défenses immunitaires chez ces personnes.
Certaines études ont aussi mis en évidence un dysfonctionnement des cellules immunitaires en cas d’inflammation chronique. L’inflammation chronique, de façon générale, perturbe la fonction normale des cellules immunitaires, le système immunitaire perdant alors sa capacité à détecter, combattre et éliminer les agents pathogènes. Il a pu être observé par exemple que l’inflammation chronique entraîne le dysfonctionnement des cellules souches, notamment de la moelle osseuse, pourtant à l’origine des mécanismes de réparation et de régénération cellulaire dans notre organisme. En cas de pathologies chroniques inflammatoires, un nombre insuffisant de cellules souches est mobilisé ou elles se retrouvent en difficulté pour migrer vers les tissus, avec pour conséquence d’aggraver ou d’entretenir les dérèglements dûs à certaines maladies, comme les maladies cardiovasculaires, hépatiques, intestinales et neuro-dégénératives ou le diabète.
Quant au sucre, spécifiquement, on sait depuis de nombreuses années ses effets sur notre réponse immunitaire innée, la phagocytose : elle consiste littéralement pour certaines cellules de notre organisme à manger des particules étrangères ou des cellules infectées pour les éliminer de notre corps. Certaines expériences menées par l’Université californienne de Loma Linda dans les années 70 ont démontré que la prise de l’équivalent de 8 morceaux de sucre, soit une canette de soda, entraînait une diminution quasi immédiate de près de 40% de la capacité de phagocytose des globules blancs pendant plusieurs heures, principalement entre la première et la deuxième heure mais jusqu’à plus de 5h. Bien que leur nombre ne diminue pas, c’est la fonction des phagocytes qui était altérée par l’ingestion de sucre ou glucides simples. Le test a démontré que des “portions orales de 100 g de glucides provenant du glucose, du fructose, du saccharose, du miel ou du jus d’orange ont tous considérablement diminué la capacité des neutrophiles (globules blancs) d’engloutir les bactéries”, cette fonction étant presque totalement annihilée. Au contraire, un jeûne entre 36 et 60h augmentait significativement cette fonction des neutrophiles.
Le sucre, notamment raffiné, n’apporte aucun micronutriment (vitamines, sels minéraux ou oligo-éléments) malgré les calories ingérées, qu’on appelle des “calories vides”. Ainsi, elles ne nous nourrissent pas et peuvent ainsi mener à des déficits en micronutriments, le corps puisant dans ses réserves ces éléments qui lui sont essentiels plutôt que de s’en enrichir. Ce n’est pas le cas des sucres issus des fruits cependant, qui sont couplés à quantité de fibres alimentaires, vitamines, minéraux…
La recherche sur l’impact du sucre sur le système immunitaire n’est pas récente et est en constante évolution. Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour comprendre pleinement les mécanismes sous-jacents et les implications pour la santé humaine, ces études soulignent l’importance de limiter la consommation de sucres ajoutés et d’une alimentation équilibrée pour soutenir notre immunité.
4 – Cancers :
Du fait de son pouvoir addictif et de son coût faible de fabrication, le sucre est présent partout dans l’alimentation industrielle. Il a pris également une place privilégiée dans nos cuisines. Idéal pour pousser à la consommation, la plupart d’entre nous en mangeons en excès depuis notre plus jeune âge. Il joue un rôle majeur dans l’épidémie de surpoids et d’obésité, mais aussi dans d’autres maladies comme le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires. Même si son action sur les cancers n’est pas suffisamment avérée, les conséquences d’une consommation excessive de sucre sur l’inflammation chronique et sur le système immunitaire fragilisent fortement notre corps et offrent un terrain propice au développement de maladies graves. Le problème est suffisamment important pour retenir l’attention et le temps de la communauté scientifique, qui consacre une partie de ses recherches sur ce point.
En effet, même si un lien direct n’est pas encore établi, les problèmes de santé qu’engendrent le sucre peuvent tout de même jouer un rôle important. L’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) rappelle que certaines hypothèses des chercheurs aujourd’hui suggèrent que les sucres simples jouent un rôle dans l’apparition de certains cancers (“cancers de l’œsophage, du pancréas, du foie, du sein après la ménopause, de l’endomètre, du rein et du cancer colorectal”) d’abord par la prise de poids qu’ils induisent, le surpoids et l’obésité étant des facteurs impactant de nombreuses pathologies.
Cependant, d’autres mécanismes pourraient intervenir en l’absence de prise de poids, par exemple par l’importante production d’insuline lors de la consommation de sucre. “L’insuline est un agent qui est dit « mitogène », c’est-à-dire qu’il peut favoriser la prolifération des cellules tumorales.” Certaines études ont par exemple mis en évidence, indépendamment de la prise de poids, le lien entre la consommation de sucre simple, de boissons et produits sucrés et un risque accru de cancers, notamment celui du sein.
Enfin, la consommation régulière de sucre entretenant une inflammation chronique et un fort stress oxydatif, elle pourrait impacter l’ADN et modifier l’expression de nos gènes. L’alimentation riche en sucre peut aussi modifier la composition du microbiote intestinal en le déséquilibrant et l’affaiblissant, et ainsi potentiellement jouer un rôle dans la cancérogenèse.
Le doute persistant d’abord sur les différents risques en fonction du type de sucre concerné (fruits, produits laitiers, boissons sucrées et produits transformés) et sur les effets délétères du sucre de façon générale sur la santé emmène les organismes de santé publique à des recommandations pour limiter nos apports en sucres simples. Par exemple, de nombreuses études pointent du doigt l’augmentation des risques et de la mortalité de ceux-ci en cas de consommation de boissons sucrées.
D’autres études ont par ailleurs soulevé une problématique importante : les cellules cancéreuses consomment davantage de sucre que les cellules saines. La théorie qui voudrait que consommer moins de sucre puisse ralentir la croissance tumorale doit cependant être confirmée par des recherches scientifiques sur les hommes plutôt que les animaux comme actuellement.
La prudence reste de mise. Bien que le lien direct entre le sucre et le cancer fasse toujours débat, il est tout de même important d’adopter une alimentation saine, équilibrée et raisonnée en sucre.
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