Par le passé, avant que l’apparition des grands semenciers ou producteurs de plants industriels ne fassent disparaître le travail de nombreuses générations d’agriculteurs, les fruitiers, les légumes, les céréales et toute culture en général qui était ressemée s’adaptaient aux caractéristiques du sol, aux conditions climatiques de son lieu de culture, etc… Ainsi, chaque région ou département avaient leurs propres variétés. On retrouvait un nombre très important de variétés de blés anciens par exemple, de céréales, de fruits et de légumes. Ces cultures, adaptées aux conditions du lieu, ont entraîné la culture culinaire si variée à travers le monde.
L’industrialisation et l’avènement des grands semenciers a fait disparaître rapidement un nombre incalculable de variétés. On se retrouve aujourd’hui avec des variétés moins nombreuses et moins adaptées aux différentes conditions de territoires diversifiés, des variétés qui ont besoin de beaucoup plus de ressources (en eau, en pesticides, en engrais, …) pour produire.
Un passé à redécouvrir, où chaque terroir, selon ses spécificités, avait ses propres semences pour des cultures plus adaptées et plus résistantes !
A l’époque, la diversité des variétés, qui se sont adaptées depuis parfois des centaines d’années, faisait la richesse des terroirs à travers le monde et donc des saveurs. On en a conscience pour le vin, le thé, le café, le chocolat, etc… Mais il en est de même pour les céréales, les fruits, les légumes,… Il y a quelques décennies en arrière par exemple, en France notamment, était valorisée une diversité de cultures et variétés en fonction des régions, quelques appellations témoignent de ce passé plus riche en diversité comme le melon de Cavaillon, la moutarde de Dijon, les fraises de Plougastel…
Les agriculteurs sélectionnaient des variétés qui correspondaient à leurs sols et respectaient la nature de leur sol. Par exemple, la moutarde fonctionnait bien à Dijon sur les plateaux où la nature du sol peu épais était idéale pour ce type de culture, et voisine de vignes, dont on récupérait le vinaigre en fin de saison pour l’associer et créer la moutarde de Dijon. Aujourd’hui, la moutarde de Dijon n’a plus que le nom mais non l’origine et la région n’est plus productrice de ce produit. Les problématiques de gestion et préservation des sols, de la pertinence des cultures par rapport aux spécificités des sols (par régions par exemple) et du goût sont ainsi intimement liées.
Selon les experts de l’université de Washington à Seattle, rapporte le National Geographic en 2022, le facteur le plus important pour la teneur en nutriments des aliments serait la santé des sols. “L’une des stratégies pour apporter de l’amélioration aux sols consiste à recourir à l’agriculture régénératrice”.
National Geographic
La santé de la vie des sols comme facteur essentiel de la qualité nutritionnelle des aliments !
Au niveau national, on préconise désormais le passage à une agroécologie pour la production alimentaire française, notamment en se basant sur un rapport de France Stratégie pour une alimentation saine et durable remis en septembre 2021 à l’Assemblée nationale.
Elle cherche à préserver et utiliser les écosystèmes pour la production agricole, à diminuer les effets de l’agriculture sur l’environnement (diminution des émissions de gaz à effet de serre et du recours aux produits phytosanitaires) et à préserver les ressources naturelles. L’idée est “d’utiliser au maximum la nature comme facteur de production en maintenant ses capacités de renouvellement”.
Pour éviter les problèmes de plus en plus prégnants, c’est toute la politique agricole qui doit être revue et certaines cultures et pratiques qui doivent disparaître au profit de certaines autres, notamment :
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- Arrêter la production de certaines cultures trop gourmandes en eau et peu adaptées à notre climat. Un des nombreux exemples est le maïs à destination des animaux d’élevage, pouvant être remplacé par le sorgho à la teneur énergétique similaire et ayant des capacités de résistance aux fortes chaleurs et une moindre sensibilité au stress hydrique. Sans compter que le maïs n’est pas un bon aliment pour les animaux d’élevage et participe à une qualité moindre de la viande, des œufs et des produits laitiers.
- Revenir à l’utilisation de cultures de variétés anciennes adaptées aux différents climats et terroirs qui seront plus résistantes et apporteront également une plus grande biodiversité.
- Revenir aux prairies pour le pâturage et l’élevage.
- Utiliser la technique dite du semis direct sous couvert ou enherbement.
Redonner vie aux campagnes transformées en désert de biodiversité car privées de la symbiose naturelle animal-végétal et de l’association culture-élevage par les méthodes de production intensives !
- Effectuer une rotation dans les types de plantations pour améliorer la teneur en nutriments des cultures plantées par la suite, et pourquoi pas également intégrer dans les rotations le pâturage pour redonner de la vie au sol avant de recultiver.
- Interférer le moins possible avec le sol et abandonner le labour profond pour un labour de surface.
- Amender les sols dégradés grâce à des engrais verts de couverture ou à l’utilisation des fumiers des animaux d’élevage pour amender naturellement les sols cultivés sans participer à leur destruction comme le font les engrais chimiques.
- Ajouter du bois fragmenté comme compost organique sur les surfaces adaptées, comme le maraîchage.
- Réhabiliter les haies : les arbres (agroforesterie) et arbustes (haies entre les champs) sont les seuls capables de réapprovisionner les eaux souterraines par le travail de leurs racines qui rendent le sol poreux permettant à l’eau de s’infiltrer dans les sols et qui restituent les trop pleins d’eau aux nappes phréatiques. Par ailleurs, ils produisent de l’oxygène grâce à la photosynthèse et enrichissent l’atmosphère. Enfin, lorsque les feuillus perdent leurs feuilles, ils créent ce qu’on appelle la litière, la nourriture d’une partie de la faune qui la décompose et recrée ou entretient l’humus.
- Stopper l’utilisation d’engrais chimiques qui minéralisent le sol en détruisant les champignons et l’humus qui nourrissent la faune alliée de la bonne santé des sols.
- Stopper les techniques destructrices des sols et réadapter les pratiques permettra aux sols de continuer à être prospères, de ne pas se compacter et de continuer à absorber les eaux et les nutriments.
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